Connaitre le contenu en calories des aliments est essentiel quand il s’agit de calculer les parts respectives de la cueillette, de la chasse, de la pêche, mais aussi de la part apportée par les hommes, les femmes et éventuellement d’autres catégories ou sous-catégories (enfants, adolescents, femmes ménopausées…), ou encore la part d’animal versus végétal dans l’alimentation.
Pourtant, il semble que les divers auteurs qui se sont livrés à cet exercice aient des manières fort diverses de calculer calories, proportions de protéines et lipides, part comestible d’un animal ou d’un végétal, etc. On a des réponses différences parfois très importantes pour chacune des questions suivantes :
Quelle est la fraction comestible de l’aliment ?
Les auteurs comptent-ils seulement la viande de la carcasse, ou la viande + la graisse extra-musculaire, les abats, la tête, etc ?
Quelle est la valeur calorique de cette fraction comestible ?
Quelle est la part de glucides, protéines, lipides ?
De nombreux auteurs donnent leurs résultats en calories, mais ne donnent pas leurs méthodes de calcul. Ex : Marlowe, 2003, qui renvoie à sa thèse non publiée. D’autres auteurs donnent leurs résultats en poids vif. Ex : Hawkes, 1991.
D’autres donnent leur méthode, mais elles semblent parfois mal estimer les valeurs. Ex : Kaplan, 2000, qui donne une part comestible sur poids vif de 85%, ce qui semble surestimé. Ainsi, avec les mêmes données de départ, celles de Hawkes, 1991, Kaplan arrive chez les Hadza à 58% pour la part calorique de la chasse, et Marlowe arrive à 19,3%… (Kaplan surestime à la fois la part comestible des animaux, 85% selon lui, et le nombre de chasseurs dans le total des contributeurs). Il est possible en revanche que Marlowe sous-estime la valeur calorique des animaux, comme je l’explique [ici]
A critical period for provisioning by Hadza men: Implications for pair bonding [PDF]
Franck Marlowe
Evolution and human behavior, 2003
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Evolution : Diet, Intelligence, and Longevity [PDF]
Kaplan et al.
Evolutionnary anthropology, 2000
Why hunters gather: optimal foraging and the Ache of eastern Paraguay
Hawkes et al.
American ethnological society, 1982
Ici, 65 à 70% de part comestible pour l’animal, et de 125 à 190kcal/100g de la part comestible. En gros, en moyenne 1000kcal par kilo de poids vif, ce qui serait légèrement surestimé.
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Seasonality in a Foraging Society: Variation in Diet, Work Effort, Fertility, and
Sexual Division of Labor among the Hiwi of Venezuela [PDF]
Hurtado & Hill
Journal of anthropological research, 1990
Ici, les auteurs retiennent 75% de portion comestible pour la plupart des espèces animales, et 90% pour la plupart des espèces végétales.
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Effects of Evolution, Ecology, and Economy on Human Diet: Insights from Hunter-Gatherers and Other Small-Scale Societies [Supplementary material]
Pontzer et Wood
Annual review of nutrition, 2021
Ici, on a entre 800 et 900kcal par kilo de poids vif, selon la taille de l’animal.
Le ratio calorique entre lipides et protéines varie de 33% pour un animal de 5kg à 46,5% pour un animal de 200kg. Un peu plus faible que Ben-Dor & Barkai d’après Ledger, mais dans la même veine. Les animaux plus gros apportent à la fois un peu plus de calories par kg, mais aussi un meilleur ratio lipides/protéines. Pontzer estime par ailleurs la part comestible à 70% du poids vif.
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