S’il s’agit de mesurer quelle diminution de souffrance animale globale serait obtenue par les différentes approches proposées (par exemple abolitionnisme/véganisme, welfarisme/sobriété ou sentientisme), il convient de ne pas oublier la souffrance résiduelle ou nouvelle que ces méthodes sont susceptibles d’occasionner, notamment si ces méthodes résultent en un bouleversement massif de la production agricole.
1. La culture de végétaux génère elle aussi de la souffrance animale. Même si cette souffrance est en général nettement inférieure à la souffrance causée par l’élevage (du fait que la plupart des formes d’élevage ont elles-mêmes recours à des végétaux spécialement cultivés, qui plus est avec un rendement <1), certaines formes d’élevage causent nettement moins de souffrance que d’autres, et selon certains auteurs pourraient même être moins génératrices de souffrance que des cultures végétales rendant le même service nutritionnel. Bien que cette dernière affirmation soit mal étayée, il existe une grande incertitude sur la souffrance réellement générée par l’agriculture végétale de masse, et donc sur la souffrance résiduelle résultant d’une abolition de l’élevage.
2. Supprimer les vastes espaces utilisés par l’élevage extensif reviendrait à rendre ces espaces à la vie sauvage. Ce pourrait être positif pour la biodiversité (quoique ce ne soit pas certain partout). Mais cela pourrait au contraire augmenter la souffrance nette, la souffrance ressentie par les animaux sauvages pouvant être supérieure à celle ressentie par les animaux d’élevage, surtout s’il s’agit d’élevages respectant de bons standards de bien être animal.
3. Abolir l’élevage pourrait augmenter la souffrance humaine, s’il s’avérait à terme qu’une alimentation végétalienne cause à au moins une fraction de l’humanité des problèmes de santé, si le processus d’abolition génère chômage, exode rural, risque alimentaire, rupture d’éco-socio-systèmes et ingérence d’états ou d’organisations internationales au niveau local.
4. La situation pourrait même générer des retours de bâton, par exemple si la fragilisation de systèmes alimentaires pousse certaines populations à accroitre la prédation vis-à-vis de la faune sauvage, dans des régions où celle-ci est déjà menacée, ou si la disparition de zones actuellement dédiées à l’élevage accroit le risque de méga-incendies dans un contexte de changement climatique.
(les sources sont regroupées en bas de la page)
Production végétale et souffrance animale
Parmi les arguments proposés contre une démarche végane, il a été suggéré que l’alimentation végétale cause aussi une importante quantité de souffrance : de nombreux animaux sont blessés ou tués lors des diverses opérations liées à la culture des végétaux : animaux tués ou mutilés par les processus de mise en culture, par les moissonneuses, pour protéger les cultures (des insectes aux sangliers…) et les récoltes. Il a été proposé qu’une alimentation omnivore incluant de grands animaux et basée principalement sur du pâturage puisse finalement causer moins de souffrance globale qu’une alimentation végétalienne. Une première tentative avait été menée en 2003 par Stephen Davis, suggérant que le principe de moindre souffrance défendait plutôt la consommation de grands animaux que le végétalisme. Les faiblesses de l’argument de Davis ont été largement pointées par Gaverik Matheny, 2003, ou par Lamey, 2007. Cependant, l’argument a généré une réflexion sur la souffrance potentielle posée par l’agriculture végétale, et les contestations de l’argument ne prennent pas forcément en compte les oublis de Davis de nombreuses espèces, ou une éventuelle sous-estimation du nombre d’animaux sauvages présents par unité de surface (ce qui sera souligné plus tard par Fisher & Lamey). Une autre publication (Archer, 2011), a tenté de reprendre cet argumentaire pour l’Australie. Mais toutes ces discussions se basent sur des données assez fragiles, ou valables seulement dans un contexte local. A ce jour, malgré de nombreuses discussions et publications théoriques sur le sujet, il manque sérieusement d’études de terrain complètes incluant l’intégralité des espèces susceptibles de souffrir des pratiques agricoles, aussi bien concernant la culture de végétaux que l’élevage. Il est par conséquent difficile d’aboutir à des conclusions précises quant à la souffrance causée par les différents types de production agricole (voir par exemple la très large fourchette proposée par Fisher & Lamey, 2018, avec des chiffres potentiellement beaucoup plus bas mais aussi potentiellement beaucoup plus haut que ceux proposés par Davis ou par Archer, selon les estimations, le nombre d’opération agricoles considéré, mais aussi selon le type d’animaux devant être pris en compte, ce dernier point étant plus subjectif : comment évalue-t-on l’importance morale d’invertébrés visés par les pesticides, doit-on considérer que les humains sont responsable de la prédation survenant suite à la mise à découvert de vastes espaces, etc.).
Il faudrait aussi corriger de la valeur nutritionnelle, certaines estimations utilisées dans le débat public étant basées simplement sur des calories (ex : Middleton, 2009, tout en bas de cette page).
Il est cependant certain que, dans l’état actuel des choses, l’élevage cause en règle générale un nombre d’animaux tués et une souffrance globale significativement plus importants que les cultures végétales (notamment parce que de nombreuses formes d’élevage, par exemple l’élevage de monogastriques, impliquent forcément d’accroitre la quantité de cultures végétales, en plus de tuer directement des animaux), hormis possiblement dans certaines situations pas forcément marginales mais minoritaires aujourd’hui (par exemple élevages de grands bovins essentiellement à l’herbe, ou utilisant essentiellement herbe + coproduits de la consommation humaine, et peu ou pas de produits spécifiquement cultivés pour eux (voir la page [Efficience de l’élevage]), dont il est douteux qu’elles puissent devenir majoritaires (sauf réduction drastique des autres types d’élevage, qui poserait ses propres risques et difficultés), et dont l’accroissement se heurterait à des problèmes d’ordre écologique (émissions de gaz à effet de serre des ruminants, déforestation) et serait donc difficilement envisageable.
Il convient cependant de noter qu’il n’existe pas à ce jour de système de production exempt de souffrance animale, et que la souffrance générée par la consommation animale est elle-même très variable selon le type de production et selon l’effort effectué par les éleveurs dans le sens du respect du bien-être animal.
Conclusion sur ce point : s’il s’agit de rappeler que toute production implique souffrance et mort, que la souffrance générée par une agriculture végétale de masse est loin d’être négligeable, et qu’il restera donc une souffrance résiduelle en cas d’abolition de l’élevage, à moins d’actions particulière pour l’éradiquer elle aussi, l’argument semble valide.
S’il s’agit de défendre que les cultures végétales causent autant de souffrance et de mortalité animale que l’élevage, cela ne semble généralement pas valide, sauf situations qui ont peu de chances de devenir majoritaires dans un avenir proche. Il faut sans doute cependant étendre la question à l’ensemble des animaux sentients (notamment insectes), à la productivité pour un ensemble de nutriments (pas seulement protéines, et encore moins calories) et aux productions non alimentaires associées ou associables à la production de viande (laine, cuir, etc. notamment vs problèmes liés au coton (note : seulement 30Mha, mais gros usage de pesticides), aux textiles synthétiques, et aux diverses alternatives végétales), et plus largement l’ensemble des coproduits des végétaux (les coproduits végétaux peuvent aussi repousser le curseur en faveur du végétal) et des animaux, pour obtenir une vision d’ensemble de la question. A l’heure actuelle, comme le remarquent Fischer et Lamey, 2018, l’évaluation de la souffrance animale générée par les cultures végétales est très difficile.
Il faudrait évaluer aussi les conséquences et la faisabilité d’une agriculture végétale totalement fermée, comme proposée notamment par Fischer et Lamey pour régler définitivement la question, ou de toutes alternatives que la technologie pourrait rendre possible, de même que les possibilités d’amélioration des pratiques d’élevage (moins de souffrance directe et moins d’utilisation de produits végétaux). Notons que connaître et reconnaître les souffrances causées par l’agriculture végétale, même moindres que celles causées par l’élevage, est aussi un préalable à la mise en œuvre d’actions pour réduire aussi cette souffrance.
Un autre point important est le fait que, au sein des productions animales, le total de souffrance causée est très variable. Il peut être alors bien plus effectif pour réduire la souffrance animale de défendre la diminution de consommation de petits animaux et de monogastriques, qui causent une souffrance nettement plus importante (voir par ailleurs des tentatives de quantification, par exemple Saja, 2012), et de travailler parallèlement dans une approche welfariste et environnementale exigeante, acceptable et compréhensible par le plus grand nombre, que de poursuivre un objectif de véganisation générale qui semble avoir peu d’effet concret (cf par exemple le rapport 2021 de France Agrimer), ne lutte pas contre le transfert constant de consommation de grands animaux vers les petits animaux constaté depuis plusieurs décennies, et renonce souvent à l’approche welfariste.
Du point de vue de ce premier point, la pire situation possible du point de vue de la souffrance animale serait sans doute un élevage devenu uniquement industriel, totalement dominé par l’élevage de petits animaux dans de mauvaises conditions (ce qui est déjà le cas en nombre d’animaux élévés et tués, mais pas encore en volume produit), avec une consommation globale de viande continuant à augmenter (ce qui risque fortement de rester une réalité dans toutes les régions du globe où la consommation de produits animaux est aujourd’hui faible, et où les populations aspirent à l’augmenter). Cette hypothèse est d’autant plus probable que les produits animaux industriels sont économiquement plus compétitifs, et qu’il n’est pas certain que l’engouement pour les produits garantissant un certain niveau de bien-être animal suffise toujours à compenser leur prix plus élevé. Les substituts de produits animaux pourront sans doute jouer un rôle dans la mitigation de ce risque, ainsi que dans l’acceptabilité de la réduction de consommation dans les pays riches, mais ils devront faire la preuve à la fois de leur viabilité, de leur capacité à remplacer efficacement les aliments d’origine animale d’un point de vue nutritionnel, et ne pas devenir un élément de concentration toujours plus grand du marché.
Cette première objection de la souffrance générée par les productions végétales n’est donc probablement pas à négliger, mais elle ne peut pas à elle seule donner un argument disculpant l’élevage, même sous ses meilleures formes.
Retour à la vie sauvage et souffrance potentielle associée
Une seconde objection, soulevée par certains antispécistes eux-mêmes, est celle de la souffrance animale dans le monde sauvage (voir notamment la synthèse d’Estiva Reus dans les cahiers antispécistes). Abandonner l’élevage reviendrait à rendre à la nature de vastes espaces. Si parmi les élevages abandonnés se trouvent des élevages dans lesquels le bien-être animal est réel (et ce sera probablement largement le cas si l’on parle des vastes espaces occupés par les ruminants), alors, ce qui les remplacera, avec ses relations de prédation, de parasitisme, ses périodes de famine, de sécheresse ou de froid intense, l’énorme mortalité des jeunes animaux, la mortalité par incendie (potentiellement accrue encore par la disparition des zones tampon liées à l’élevage, voir plus bas), etc., risque de causer beaucoup plus de souffrance que ces élevages, dans lequel les animaux sont certes abattus et exploités, mais reçoivent en échange des conditions de vie incomparablement plus confortables, une nourriture sûre et une mort potentiellement bien moins pénible que celle des animaux sauvages (d’autant que s’il est possible d’agir pour améliorer les conditions d’élevage, toute intervention sur le monde sauvage est beaucoup plus problématique). Des auteurs comme Fisher & Lamey pensent même que la vie de certains animaux sauvages pourrait représenter une souffrance nette et ne vaut pas la peine d’être vécue, d’autres proposent même que la destruction d’habitats sauvages réduirait la souffrance et serait donc souhaitable (Tomasik, 2017), d’autres auteurs comme Matheny considèrent à l’inverser que, même si la vie de certains animaux d’élevage « vaut d’être vécue », elle diminue par sa présence le nombre de vies qui valent d’être vécues, Matheny. Je ne sais pas trop comment on pourrait trancher ce point, mais la question morale liée à ce point n’est encore une fois pas d’ordre noir/blanc.
Conclusion sur ce point : d‘un point de vue conséquentialiste, cela semble potentiellement plus solide que l’objection précédente : des élevages soucieux du bien-être animal pourraient causer moins de souffrance et mieux maximiser le bien-être des animaux que le monde sauvage qui pourrait les remplacer, même s’il est très difficile d’évaluer à la fois la souffrance et le bien-être vécus au cours de la vie de chacun des animaux, sauvages et d’élevage.
D’un point de vue déontologiste, il est possible de défendre l’argument que toute exploitation animale est par nature inacceptable, même si elle devait réduire la souffrance globale, mais les deux approches pourraient alors entrer en conflit.
Une approche prenant en compte les situations existantes pourrait consister à ne pas toucher aux espaces sauvages existants (interdiction totale de l’extension de l’empreinte de l’élevage, aussi bien directe qu’indirecte), mais aussi à conserver les élevages avec de bonnes garanties welfaristes (tout en les renforçant), notamment dans les régions du globe à risque écologique (incendie, chasse abusive (voir plus bas pour ce point), etc.).
Souffrance humaine et retours de bâton potentiels
Un troisième point concerne la souffrance humaine potentielle liée à une offensive massive contre l’élevage et la consommation de produits animaux. Malgré la confiance des activistes végans et de certains chercheurs quant à l’innocuité d’une alimentation totalement végétale, il n’est pas certain que cette confiance soit fondée. De nombreux auteurs, et parfois parmi les pionniers de la recherche sur les alimentations végétalienne et végétariennes (ex: Key & Appleby), rappellent que l’on manque d’études de très long terme, ou que les études existantes sont méthodologiquement de qualité insuffisante pour pouvoir évaluer les risques à long terme d’alimentations exclusivement ou presque exclusivement végétales (voir [assez d’études pour conclure ?]), particulièrement pour certaines populations spécifiques : enfants, personnes âgées, personnes atteintes de maladies chroniques…). Réduire drastiquement la production animale, ou augmenter sérieusement les prix des produits animaux, pourrait nuire au moins à ces fractions de la population, ainsi qu’aux plus fragiles financièrement et culturellement. Les alimentations végétales contraintes financièrement sont probablement plus susceptibles d’être mal planifiées, et donc de porter un risque encore supérieur, que ces mêmes alimentations choisies librement par des personnes capables et volontaires pour en assumer les difficultés.
Du point de vue des producteurs, de nombreuses régions du globe, y compris dans les pays développés, s’appuient économiquement sur l’élevage, qui structure les paysages et les communautés, et apporte potentiellement, dans les régions concernées par les incendies, une aide importante à la prévention des méga-feux (qui sont eux-mêmes source d’une importante souffrance animale). Des actions brutales contre ces types d’élevage mèneraient probablement à un accroissement de la souffrance des communautés qui en dépendent, et dans les régions les plus pauvres du globe à un accroissement du risque d’insécurité alimentaire et de malnutriton (Voir la page [ Elevage, sécurité alimentaire, malnutrition]). Le manque de viande d’élevage pouvant alors pousser les communautés, au moins dans certaines régions du globe, à se reporter plus massivement sur de la viande sauvage, augmentant encore la pression sur des espèces sauvages parfois déjà menacées par une chasse abusive (voir par exemple [Ripple et al. 2016]). Pourtant, ce sont précisément ces régions qui voient aujourd’hui l’empreinte de leur élevage augmenter rapidement, et il faudrait effectivement y agir rapidement. Une situation catastrophique serait que les élevages les plus vertueux des régions les plus vertueuses disparaisse (voir l’exemple nordique chez [Herzon et al. 2022]) , tandis que des régions où l’élevage est peu efficient voient l’empreinte de cet élevage exploser.
Mais tout changement ne peut se faire qu’à partir des besoins de ces communautés, en tentant de résoudre l’équation certes difficile entre besoin de sécurité et de souveraineté alimentaire et risques liés à une expansion de l’élevage. Dans ces régions, une voie cherchant à améliorer la productivité et à diminuer l’impact des méthodes d’élevage, et l’expansion de sa consommation de terres, serait alors probablement plus efficace qu’une voie imposant d’autorités mondiales une réduction autoritaire de l’élevage qui s’assimilerait alors à un colonialisme vert, aux résultats douteux (voir par exemple [ce compte Twitter] pour les problématiques liées aux actions de reforestation, ou des ONG comme Survival International pour les risques d’expropriation de communautés autochtones, notamment). La question du risque d’incendie est elle aussi fondamentale dans un contexte de changement climatique, et l’élevage, lorsqu’il est inclus dans des plans de prévention incendie bien pensés, est un outil très efficace de réduction de la biomasse et/ou de rupture des zones inflammables. Un autre point est que mettre en difficulté des éleveurs est non seulement générateur de souffrance pour eux et leur famille, mais aussi potentiellement pour les animaux qu’ils élève. Plusieurs des élevages dénoncés par des activistes ces dernières années pour les conditions indignes dans lesquelles se trouvent les animaux semblaient être surtout des élevages où les investissements nécessaires n’avaient pas été réalisés, du fait des difficultés financières (ou autres) des éleveurs.
Conclusion sur ce point : si l’on se place dans une optique antispéciste, il convient d’inclure la souffrance humaine dans la souffrance animale globale, et de prendre en compte les souffrances que pourrait causer une réduction drastique de l’élevage, ou des actions fortes pour limiter la consommation de viande. Il semble évident que les humains doivent prendre leur part dans le nécessaire travail de réduction des dommages causés par l’élevage, et accepter une part d’effort et de sobriété. Mais cet effort ne doit pas se faire au prix de la souffrance de fractions de la population mondiale qui sont souvent les plus fragiles.
Il convient aussi de s’inquiéter des conséquences d’actions menées sans discernement et sans adaptation aux spécificités des différents éco-socio-systèmes, qui pourraient se retourner à la fois contre les humains et contre les animaux non-humains.
Conclusion générale
La question éthique de l’élevage doit prendre en compte l’ensemble des questions liées à la souffrance animale, y compris la souffrance humaine et s’interroger sur la manière la plus effective de réduire cette souffrance, c’est-a-dire en incluant 3 critères : l’impact théorique, les chances d’acceptation et de réussite, et les risques associés. Dans bien des situations, il semble qu’une approche welfariste soit plus réaliste sur ces trois critères que des objectifs abolitionnistes dont l’impact théorique sur la souffrance globale est loin d’être parfaitement sûr dans toutes les situations, mais qui de plus se heurterait à des résistances fortes, et conduirait à des risques de déstabilisation, déstabilisation elle-même potentiellement génératrice de conséquences en cascades mal prévisibles. Il ne me semble en tout cas pas exister une situation éthique claire dans laquelle le duo abolitionisme/véganisme serait de manière évidente supérieur au duo welfarisme/sobriété. Notons que la seconde option n’interdit pas que l’on abolisse les formes d’élevage les plus problématiques et les moins capables de se réformer.
Animal welfare: Antispeciesism, veganism and a ”lifeworth living” [PDF]
Espinosa & Treich
Social choice and welfare, 2020
The level of antispeciesism corresponds to the weight on animal welfare in the utilitarian social welfare function. We show that more antispeciesism always leads to improved farm-animal welfare. However, this improvement in rearing conditions makes the consumption of animals less morally-problematic and possibly even “socially desirable”, which may lead to increased animal consumption. By socially desirable, we mean that farm-animals’ utility is positive. That is, the critical condition is whether farm animals’ lives are worth living.
–
L’escalade dans l’affirmation de l’atrocité de la vie sauvage [Texte]
Estiva Reus
Cahiers antispécistes n°41, chapitre 1, 2018
–
Mouvement RWAS et mouvement de libération animale [Texte]
Estiva Reus
Cahiers antispécistes n°41, chapitre 4, 2018
Il ajoute des conseils à l’attention de qui voudrait consommer de la viande, suggérant de s’orienter de préférence vers les bovins élevés sur pâturage, l’idéal étant les pâturages issus de la déforestation : dans ce cas, on peut en effet affirmer que la consommation de viande permet de réduire significativement la souffrance animale, parce qu’elle met fin à la densité de vie sauvage qu’on trouve notamment dans les forêts tropicales. Il lui paraît donc au moins assuré que certaines formes d’omnivorisme sont plus bénéfiques aux animaux que le végétalisme. Dans un texte plus tardif que celui précédemment cité, Tomasik est encore plus explicite sur les implications de son analyse sur l’opportunité de militer pour l’abolition de la viande. Il écrit en toutes lettres que l’élevage a très probablement un effet positif de réduction de la souffrance dans la nature, et qu’il vaut donc mieux militer pour de meilleures conditions d’élevage et d’abattage que pour la disparition des élevages et abattoirs
–
Ici, les auteurs constatent le manque de certitudes sur la question des souffrances causées par l’agriculture végétale, proposant des fourchettes d’estimations très larges, à la fois pour des raisons techniques (manque de données, quelques espèces prendre en compte…), et pour des raisons philosophiques (quelle valeur donner à chaque vie…), mais suggèrent que l’évolution des pratiques agricoles pourraient rendre caduques les interrogations : il serait à terme possible de produire des végétaux avec une souffrance animale presque nulle. Cette proposition s’appuie cependant notamment sur des types d’agriculture (ex : agriculture verticale en bâtiments fermés) qui ont encore à démontrer leur viabilité.
Field deaths in plant agriculture [PDF]
Bob Fischer, Andy Lamey
Journal of agricultural and environmental ethics, 2018
we show that there are significant philosophical questions associated with interpreting the available data—questions such that different answers generate dramatically different estimates of the scope of the problem. Finally, we document current trends in plant agriculture that cause little or no collateral harm to animals, trends which suggest that field animal deaths are a historically contingent problem that in future may be reduced or eliminated altogether.
–
Yew-Kwang Ng (2016) admirably proposes ways to advance the science and practice of animal welfare, such as implementing humane improvements for farm animals. However, Ng is mistaken to call for environmental preservation as an animal-welfare measure. Given that most wild animals that are born have net-negative experiences, loss of wildlife habitat should in general be encouraged rather than opposed. Moreover, consideration of our impacts on wild animals is essential before we can draw conclusions in other areas, such as whether to reduce or increase meat consumption.
–
Bugging the Strict Vegan [Texte]
Bob Fischer
Journal of agricultural and environmental ethics, 2016
As it happens, though, Davis’s argument fails. Matheny (2003) shows that Davis underestimates the harm involved in raising cattle, and Lamey (2007) makes a good case that Davis overestimates the number of animals harmed in plant agriculture. Still, no one contests that some animals are harmed in plant production. And this point is enough to throw a wrench in precautionary arguments, of which the strict vegan argument is an example. As vegans have long appreciated, our choice is not between a host of diets that are complicit in harm and an alternative—strict veganism—that’s harm-free. Vegans hope to minimize the harm associated with their food choices, but sensible ones are under no illusion that they’ve eliminated it entirely. However, precautionary arguments seem to assume that there is a harm-free alternative. So, either vegans need to run a precautionary argument that doesn’t make that assumption, or they need to stop relying on precautionary arguments.
–
The Importance of Wild-Animal Suffering [PDF]
Brian Tomasik
Relations. Beyond anthropocentrism, 2015
Wild animals are vastly more numerous than animals on factory farms, in laboratories, or kept as pets. Most of these animals endure intense suffering during their lives, such as from disease, hunger, cold, injury, and chronic fear of predators. Many wild animals give birth to tens or hundreds of offspring at a time, most of which die young, often in painful ways. This suggests that suffering plausibly dominates happiness in nature.
–
Strict Vegetarianism Is Immoral [Abstract]
Donald W. Bruckner
In The moral complexity of eating meat, Bramble & Fischer
Oxford University press, 2015
The most popular and convincing arguments for the claim that vegetarianism is morally obligatory focus on the extensive, unnecessary harm done to animals and to the environment by raising animals industrially in confinement conditions (factory farming). These arguments may succeed in showing that purchasing and consuming industrially raised meat is immoral. They fail, however, to establish that strict vegetarianism is obligatory because they falsely assume that eating vegetables is the only alternative to eating factory-farmed meat that avoids the harms of factory farming. Moreover, the very premises of the arguments imply that eating some (non-factory-farmed) meat rather than only vegetables is morally obligatory. Therefore, if the central premises of these usual arguments are true, then strict vegetarianism is immoral.
The moral footprint of animal products [Texte]
Krzysztof Saja
Agriculture and human values, 2012
If we assume some easily accepted premises, we can justify a thesis that, regardless of the treatment of animals during farming and slaughtering, for example, eating chicken can be 163 times morally worse than eating beef, drinking milk can be 58 times morally better than eating eggs, and eating some types of fish can be even 501 times worse than eating beef. In order to justify such a thesis there is no need to reform common morality by, for example, criticizing its speciesism. The thesis that some animal products are much worse than others can be justified on common moral grounds.
A ‘‘Practical’’ Ethic for Animals [Texte]
David Fraser
Journal of agricultural and environmental ethics, 2012
Human activities affect animals in four broad ways: (1) keeping animals, for example, on farms and as companions, (2) causing intentional harm to animals, for example through slaughter and hunting, (3) causing direct but unintended harm to animals, for example by cropping practices and vehicle collisions, and (4) harming animals indirectly by disturbing life-sustaining processes and balances of nature, for example by habitat destruction and climate change. The four types of activities raise different ethical concerns including suffering, injury, deprivation, and death (of individuals), decline of populations, disruption of ecological systems containing animals, and extinction of species. They also vary in features relevant to moral evaluation and decision-making; these include the number of animals affected, the duration of the effects, the likelihood of irreversible effects, and the degree to which the effects can be controlled. In some cases human actions can also provide benefits to animals such as shelter and health care. Four mid-level principles are proposed to make a plausible fit to the features of the four types of human activities and to address the major ethical concerns that arise. The principles are: (1) to provide good lives for the animals in our care, (2) to treat suffering with compassion, (3) to be mindful of unseen harm, and (4) to protect the life-sustaining processes and balances of nature.
–
Slaughter of the singing sentients: measuring the morality of eating red meat [PDF]
Michael Archer
Australian zoologist, 2011
–
Reprend les conclusions de Davis, 2003, sans examen critique (pourtant mené par Matheny, 2003, puis Lamey, 2007).
What Would the World Be Like Without Animals for Food, Fiber, and Labor? Are We Morally Obligated To Do Without Them? [PDF]
Stephen. L. Davis
Poultry science, 2008
–
Food fight! Davis vs Regan on the ethics of eating beef [Abstract]
Andy Lamey
Journal of social philosophy, 2007
https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=1253172
One of the starting assumptions in the debate over the ethical status of animals is that someone who is committed to reducing animal suffering should not eat meat. Steven Davis has recently advanced a novel criticism of this view. He argues that individuals who are committed to reducing animal suffering should not adopt a vegetarian or vegan diet, as Tom Regan an other animal rights advocates claim, but one containing free-range beef. To make his case Davis highlights an overlooked form of animal harm, that done to field animals in crop production. Yet while Davis’s argument is ingenious and thought-provoking, it is not a successful challenge to vegetarianism and veganism’s status as the diets that most advance animal rights. Scientific studies of crop production that Davis draws on document two different forms of harm done to field animals: those that are directly killed by harvesting equipment and those that are killed by other animals. Once this distinction is made explicit, the degree to which such studies pose a problem for animal protection theory considerably weakens. Davis also overlooks philosophically significant forms of harm to human beings that are present in beef production but not crop harvesting. Finally, he bases his argument on the controversial assumption that there is no difference between deliberate and accidental killing – either of animals or people. Although these problems defeat Davis’s attempt to offer an immanent critique of Regan’s animal rights position, his analysis does have important dietary ramifications that animal advocates should take into account.
–
Nombreuses faiblesses, soulignées par la réponse de Matheny ci-dessous.
The least harm principle may require that humans consume a diet containing large herbivores, not a vegan diet [PDF]
Stephen L. Davis.
Journal of agricultural and environmental ethics, 2003
Une réponse :
Least harm : a defense of vegetarianism from Steven Davis’s omnivorous proposal [PDF]
Gaverick Matheny
Journal of agricultural and environmental ethics, 2003
–
The effects of harvest on arable wood mice Apodemus sylvaticus [Abstract]
TE Tew, DW MacDonald
Biological conversation, 1993
The number of animal killed to produce one million calories in eight foods categories
Middleton, 2009
Le document ne semble plus disponible, mais se trouve encore sur le [Cache Google]. Se baser sur le nombre de calories produits est problématique, et ne prend pas en compte les spécificités nutritionnelles des produits d’élevage. Se baser sur les protéines, corrigées de leur qualité, ou encore sur un ensemble de nutriments ou mieux, sur une densité nutritionnelle, ou sur les nutriments listés par Ty Beal (ci-dessous) comme problématiques pour les populations fragiles apporterait sans doute des résultats différents.