« Ce qui a aidé au développement du cerveau, c’est la découverte du feu
il y a quelques centaines de milliers d’années, 500 000 ans, 800 000 ans,
ça dépend un peu de ce que disent les scientifiques,
on n’a pas de certitudes là-dessus »
Ce billet fait suite à :
Le feu et la viande (1) : une légende urbaine ?
Le feu et la viande (2) : un problème pas si simple.
Nous l’avons dit précédemment : pour avoir une chance d’être valable, une hypothèse sur les facteurs de l’encéphalisation doit avoir une cohérence chronologique : si une cause produit un effet, il est logique que cette cause précède ou accompagne cet effet. Si la maîtrise du feu est l’unique raison permettant l’accroissement du cerveau humain, alors il faut que le feu soit maîtrisé avant ou en même temps que le début de la phase d’accroissement du cerveau. Qu’en est-il alors ?
Le processus d’accélération de l’encéphalisation débute, nous l’avons vu, il y a environ 2,5 millions d’années, peut-être un peu plus. Nos derniers ancêtres Australopithèques et les premiers Homo habilis connaissent un premier frémissement sérieux dans la taille de leur cerveau. Habilis, vers -1,8 millions d’années atteint les 600cm3, on a peu après des Erectus vers les 800cm3. L’accroissement se poursuit alors de manière plus ou moins régulière jusqu’au paléolithique supérieur, il y a quelques dizaines de milliers d’années, avec une accélération possible dans les dernières centaines de milliers d’années.
Le gros problème de la question du feu, c’est que la date de sa maîtrise n’est pas connue avec certitude, et les paléoanthropologues ne sont pas parvenus, c’est le moins que l’on puisse dire, à un consensus. Pour que le feu ait eu un impact sur la physiologie humaine, il faut non seulement qu’il ait été utilisé, mais qu’il ait été utilisé régulièrement, et spécifiquement pour la cuisson. Or, s’il semble à peu près certain que cette utilisation régulière soit acquise il y a 400 000 ans, et si des études génétiques montrent des adaptations à la cuisson il y a au moins 275 000 ans (1), pour les dates plus anciennes, les choses sont plus incertaines. Continuer à lire … « Le feu et la viande (3) : pertinence chronologique de l’hypothèse du feu »